Pour éviter de se faire rouler, je consulte nos archives et je réajuste les informations données.
Pour tout savoir sur Badoune, je viens de passer une dizaine d'heures dans nos locaux secrets, en épluchant la moindre ligne imprimée dans le dossier "Itinéraire chaotique d'une délaissée", et maintenant je sais tout sur elle.
Donc, vers la fin des années trente, sa mère est tombée dans un étang alors qu'elle tentait de faire un bouquet de nénuphars. On ne sait pas qui a poussé cette nanaïade, mais un trappeur qui passait par là, certifie avoir vu sa gamine qui lui jetait des pierres quand elle tentait de faire surface.
Orpheline, puisque le père biologique est inconnu, elle est placée chez un vieil homme à Vichy, monsieur Pétain.
Il lui fera faire du théâtre dès son entrée au CP, et fou amoureux d'elle il lui offrira une jambe de bois pour qu'elle devienne la nouvelle Sarah Bernhardt.
Elle deviendra une nouvelle fois orpheline en 1945, quand son vieil amant partira vivre sur l'Ile d'Yeu (là où est né Biglenbiais).
Elle s'enflammera pour un vieil aristocrate borné, Léopold de Cochic, mais généreux (le Comte est bon, rien ne va plus, les vieux sont faits).
Lui n'a que faire d'une adolescente pas très propre et vulgaire, alors il la bazardera à un maquignon de misère : Ali Tataouine TiTchou, dresseur de serpentins dans les fêtes foraines.
Quand Ali deviendra riche avec un trafic international de dentiers usagés, il se fera appeler sultan TiTchou, et il larguera la môme Badoune à un pote à lui qui vend des femmes usagées.
Après, je perds la trace de Badoune, mais si je retrouve celui qui est à l'origine de sa présence ici, je pourrai compléter sa biographie.
En attendant je vais aller boire un p'tit café chez "l'Mimile", où je retrouverai le trappeur Al Humett qui commencera à me raconter la vie de Lilibubu, objet de ma prochaine publication.